Vivre pour transmettre une adhésion…
Le catéchiste, laïc ou prêtre, transmet directement le contenu de la foi par l’enseignement et la prédication. Il transmet un savoir.
Mais il transmet aussi, indirectement parce que cela dépend de Dieu, la grâce de la foi. Il le fait par sa personne, par sa vie, par son exemple, par ses paroles, en incitant l’enfant, le frère, à dire « oui » à l’objet de la foi. Il entraîne l’intelligence de l’enfant ou du frère à adhérer, en tant qu’homme libre au contenu de la foi.
La transmission de la foi, la catéchèse, se situe à ces deux niveaux : la transmission de la vertu, qui bien entendu vient de Dieu : cela consiste de ma part à être tel que j’entraîne l’enfant ou le frère à adhérer librement au mystère de Dieu que je lui présente ; et la transmission du mystère de Dieu en lui-même, de l’objet auquel l’enfant ou le frère a adhéré.
Et le catéchisme ?
Le catéchisme est une petite catéchèse, et c’est la plus importante. C’est le fondement de la catéchèse.
Ce sont les premiers principes de la foi annoncés à l’enfant, ou au catéchumène, lequel va les recevoir avec la première manifestation de la grâce de foi et va y adhérer dans sa liberté. C’est là où se posent les premières pierres de fondation de la personne qui se construit dans la vie avec deux dimensions. Nous, nous sommes spontanément d’accord pour nous construire à la dimension horizontale : la télévision, l’argent, les vacances, le bien-être… Mais il y a aussi une dimension verticale : la dimension de l’esprit… Nous venons de quelque part, nous allons quelque part… C’est la dimension verticale de l’homme, et c’est la plus importante, car c’est elle qui dirige notre vie !
Que voulons-nous faire de notre enfant ? Un athlète ? Ou un homme complet qui a un cœur, une intelligence, qui puisse répondre à cet appel de la verticalité, qui fait que l’homme est l’homme ? Le catéchisme, c’est le premier balbutiement de l’âme, du cœur, de l’enfant qui, sous l’impulsion de la grâce, se tourne vers son Père et devient son ami. N’est-ce pas important, essentiel même, de promouvoir chez les enfants, comme chez les catéchumènes et les néophytes, cette fidélité à Dieu par la catéchèse, à commencer par le catéchisme ?
Comment enseigner la foi ?
Ce n’est pas facile d’être catéchiste. Il faut deux exigences, toujours selon la formule : « Croyez à la Parole que vous avez lue, enseignez ce que vous avez cru et vivez ce que vous avez enseigné. »
Donc, l’enseignant doit d’abord croire, c’est évident. Mais il doit croire à la Parole de Dieu transmise par le magistère vivant de l’Église représenté par l’Évêque dans le diocèse et le curé dans la paroisse. « Vivez ce que vous avez transmis… » C’est dire que sa vie doit être une adhésion à cette Parole.
Le catéchisme, ce n’est pas un ensemble de formules, ni une table de multiplication : Dieu est un ; quand Il s’incarne, Il devient deux, et quand Il remonte, Il est trois ! Si l’on ajoute la Mère de Dieu, qui est l’épouse du Saint Esprit, la fille du Père et la Mère du Fils, c’est la table de multiplication par 9… Non ! Ce n’est pas ça ! Cela ne se réduit pas à des formules à retenir.
La foi est une relation de vie de personne à Personne, c’est une confiance, comme le mari vis-à-vis de la femme, comme les parents vis-à-vis de l’enfant… Cette relation vivifiante nous l’avons, chacun d’entre nous, avec notre Père du Ciel et c’est en elle que le catéchiste doit puiser pour la transmettre à celui qu’il enseigne, autant par des mots que par son comportement. Oui, la vie des catéchistes doit être l’exemple vivant de cette relation de confiance amoureuse avec Dieu.
Pour être crédible il faut vivre ce que nous croyons
Regardons dans la première lecture : le peuple de Dieu, le peuple élu, à peine sorti de l’Égypte, pendant que son chef Moïse inscrit sur les tables de pierre la Loi de l’Alliance, ce peuple trahit, car nul n’est à l’abri de la faiblesse humaine ! Mais ce n’est pas grave. Comme le dit Paul dans la deuxième lecture : « Il m’a appelé, moi, il m’a pardonné et il m’a envoyé prêcher la Bonne Nouvelle » pour que moi, qui suis le plus faible, le premier des pécheurs, celui qui a persécuté l’Église, je sois aussi le premier converti et le premier propagateur crédible de la Bonne Nouvelle. Car pour être crédible il faut vivre ce que nous croyons.
Alors pourquoi Dieu permet-Il que je pèche, pourquoi prend-Il des prêtres, des diacres, des catéchistes qui ne sont pas saints ? Justement : pour nous aider à vivre le noyau fondamental de la Révélation : le pardon miséricordieux de Dieu envers l’homme ! C’est ce qui nous asphyxie ! Nous n’y croyons pas, ni pour nous, ni pour les autres… C’est pourquoi le Pape François lança l’année jubilaire de la Miséricorde : pour purifier notre regard sur Dieu, sur Sa nature profonde : « Dieu est Amour » Et Il fait miséricorde à tous ceux qui reconnaissent leur fragilité…
« Dieu est Amour »
Nous ne croyons pas assez à l’Amour de Dieu, ni pour nous, ni pour nos frères. Je ne peux pas être miséricordieux vis-à-vis de mes frères si je ne crois pas en la miséricorde de Dieu vis-à-vis de moi, et je ne peux pas la transmettre ! Alors, qu’est-ce que je transmets à l’enfant ? Une espèce de Dieu pharaonique…
Or le noyau de la foi, le noyau de l’Évangile, c’est le pardon, c’est la brebis perdue, c’est la drachme retrouvée, c’est le fils prodigue, c’est la femme adultère, c’est Pierre…
Et dans la mesure où le catéchiste, où le prêtre, où le diacre a expérimenté ce pardon de Dieu, vraiment, pour lui ce n’est plus un dogme écrit, sec. C’est quelque chose qu’il a vécu et qu’il vit encore et toujours. On pourrait dire : en permanence. S’il baigne dans l’eau purificatrice de la Miséricorde qui jaillit du Cœur de Dieu, alors il peut la transmettre, il peut s’en faire le héraut comme Saint Paul : « Moi le dernier, l’avorton » qui suis devenu l’apôtre des gentils.
« Voilà ce que fait l’Amour invincible du Seigneur… »
C’est pour cela qu’il y a beaucoup de joie dans le Ciel lorsque un seul homme se convertit, c’est-à-dire a rencontré Dieu au sacrement de la réconciliation : « Va et désormais ne pèche plus », « Ta foi t’a sauvé », « Tes péchés sont remis »… Parce que cet homme-là est « piégé » par la Miséricorde du Christ. Il n’aura alors de cesse dans sa vie de laïc, de prêtre, de transmettre à ses frères quelque chose qui l’aura fait vibrer intérieurement, quelque chose qu’il aura vécu, et dont il pourra dire : je sais parce que j’ai expérimenté le pardon de Dieu.
Alors, en ce début d’année où beaucoup d’entre nous s’engagent à transmettre la foi autour d’eux (enfants, adolescents, catéchumènes…), il faut repartir en se confiant à Dieu et, à cause de « Son trop grand Amour », plus dans nos faiblesses que dans nos vertus, plus dans nos misères que dans notre force… Sachant que Dieu trouve plus de joie dans nos humbles efforts de purification que dans les succès accomplis par nos qualités et que c’est dans notre faiblesse que la puissance de Dieu se manifestera comme l’écrivait S. Paul…