« Aime et fais ce que tu veux ! » St Augustin
N’allons surtout pas croire que le temps des prophètes est dépassé… Ce qui a été vécu dans l’ancienne Alliance, et qu’Isaïe raconte avec délicatesse mais dureté, doit être pris par chacun comme un avertissement constant, ainsi que l’épître aux Hébreux nous le recommande : « afin que plus personne ne tombe en suivant l’exemple de ceux qui ont désobéi » (4, 11). C’est donc de désobéissance qui s’agit. Non pas la contrefaçon qu’en fait notre monde, ignorant de ce que liberté des enfants de Dieu veut dire. Il ne s’agit pas tant de vouloir s’échapper comme le fils prodigue que de savoir impacter l’autonomie de ma liberté de fils de Dieu avec ma dépendance de créature.
« Ne retenez pour vous rien de vous… » St François d’Assise
Les fruits que le Paterfamilias vient chercher sont la louange de la création. C’est ce qu’avait compris François d’Assise. Il partagea avec Paul ce zèle à chanter la louange de Dieu, en présentant à son Père les fruits de la grâce qui n’a pas été vaine en lui. Le Maître de la vigne n’attend rien d’autre, dans Sa bienveillante paternité, que de voir Ses fils se nourrir de Son héritage oui, mais en Lui faisant eucharistie de ses biens, c’est à dire en rendant grâce pour ce qu’ils sont.
La fécondité spirituelle n’est vraie que si elle me tourne avec mes frères vers le Père Source de tous les biens. Car c’est bien par grâce qu’ils sont sauvés, cela ne vient pas d’eux, c’est le don de Dieu… (cf. Eph 2, 4-10).
« Tout est à vous mais vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu ! »
Revenir avec Augustin au péché d’origine qu’est l’avarice… C’est ce que les premiers vignerons n’ont pas compris, qui se sont engorgés des fruits récoltés. A eux la gloire de la vérité et des certitudes morales, à eux la gloire d’une vie religieuse fondée sur l’élection incommunicable, à eux la gloire d’être unique comme leur Dieu !
A nous aussi peut-être la vanité de nos positions sociales et de nos qualités ? A nous aussi peut-être l’avarice de nos talents et l’incapacité à concevoir que, tout ce que nous sommes, nous le Lui devons ? A nous également la toute-puissance réelle ou supposée devant la maîtrise de la vie, de l’avenir, de la science ? A nous enfin l’appropriation de notre vocation ?
Non, ce qu’il faut, pour appartenir à l’ethnos, c’est savoir rendre grâce en toutes choses (1Thess 6, 18, Eph 5, 20).