Perdre sa vie…
Le prêtre qui prie en toute pureté de cœur est progressivement exproprié de lui-même et toujours plus uni à Jésus Bon Pasteur et Serviteur des hommes qu’Il n’a pas dédaigné appeler Ses frères, comme dit l’Épître aux Hébreux. Donnant sa vie à l’Unique Prêtre, le prêtre conformé au Pasteur, donne ainsi la Vie de Jésus aux brebis qui lui sont confiées.
Personne ne lui ôte sa vie : il l’offre lui-même, en union avec le Christ Seigneur, qui a le pouvoir de donner Sa Vie et le pouvoir de la reprendre dans l’acte de Sa Résurrection, non seulement pour Lui, mais également pour Son troupeau. Ainsi, la Vie même du Christ, Agneau et Pasteur, est transmise à toutes les brebis, à travers les ministres consacrés !
Le prêtre donne la Vie du Christ à partir du moment où il donne sa vie à lui. Et plus il offre la Vie du Christ, plus il comprend qu’il lui faut donner sa vie ! Mais plus il offre sa vie, plus il le fait spontanément en union avec la Vie de Jésus…
C’est dans cette identification du don que le prêtre rejoint personnellement son identification au Christ-Prêtre, reçue objectivement à son ordination. Cette convergence avec le Christ rend le prêtre, comme Jésus, sacrement de l’Amour du Père : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » (Jn 20, 21)
… A l’école du Bon Pasteur !
Prier, c’est s’oublier pour l’Autre et pour les autres. C’est rendre Dieu à Dieu et donner Dieu aux autres. C’est rendre son âme à Dieu pour le bonheur de chacun, à commencer par notre propre bonheur.
C’est pourquoi la prière est la quintessence de la charité. Ceci explique que la prière pour les frères qui appartiennent au Corps de l’Église, vivants ou défunts, soit l’exercice le plus simple, le plus profond et le plus fructueux de la communion des saints.
A chaque messe, le prêtre célèbre tam pro vivis quam pro defunctis… autant pour les vivants que pour les défunts. Ce faisant il leur donne le suc de la charité divine : la Vie même du Père présente dans le Fils et cette Vie d’Amour toute concentrée à son tour dans l’Eucharistie…
C’est pourquoi le prêtre ne peut être que don quand il offre Jésus. Il se cache dans le don du Maître qu’il fait sien ! Il atteint là à la plénitude de sa charité pastorale. Toutes ses autres activités, aussi nombreuses et belles soient elles, ne prendront leur légitimité que si elles puisent leur sève dans cette cohérence de vie profonde, stable, durable, libre, persévérante et dynamique avec la Vie du Bon Pasteur qui donne Sa Vie pour les brebis.
C’est le souhait que je formule pour tous nos prêtres.
Et c’est la prière que je vous invite à offrir avec moi pour mes jeunes frères qui seront ordonnés vendredi 23 et samedi 24 Juin à Evron ! Que Saint Martin, perle des prêtres, les ait en sa sainte garde pour que chacun d’eux soit humble et persévérant dans cette mission de passeur de Vie, que le Seigneur leur donne d’être en communion avec Lui, Bon et Beau Pasteur qui donne Sa Vie pour Ses brebis !
Vacances : vacare a Deo…
Quant à nous, chers amis lecteurs, nous nous retrouverons en Septembre, après le temps de vacances bien mérité pour chacun…
N’oublions pas que le terme de vacances vient du mot, vacare, vaquer… Dans la tradition spirituelle de l’Église transmise de génération en génération, particulièrement par les écoles de vie monastiques, le mot ‘vacat’, qui fleurit au milieu de leurs emplois du temps quotidiens, est un appel de la plus haute importance. Il n’invite pas le moine à ne rien faire et à se détendre entre deux activités, bien au contraire ! Il l’invite de manière pressante à revenir à l’Essentiel : vaquer à Dieu pour (re-)construire, renforcer, et mieux vivre son unité intérieure avec le Seigneur qui, bien qu’étant le cœur de sa vie consacrée, peut vite être oublié au profit des activités journalières.
Le terme de moine n’exprime rien d’autre que cette double unité.
En premier lieu, l’unification naturelle et intérieure de l’homme qui se forge en gardant l’esprit dans le cœur, centre vital qui le définit et doit orienter tout son agir. Ensuite, l’unification surnaturelle avec le Seigneur qui habite ce même cœur et qui, de ce fait, évangélisera alors spontanément, toutes les pensées, paroles et actes qui surgiront de ce cœur habité par l’Esprit du Seigneur…
De la dispersion mondaine à l’unification spirituelle…
Comme on le voit, être en vacances, c’est en fait l’essentiel de l’activité humaine et spirituelle de l’homme. Loin d’être un farniente, c’est un temps de ressourcement nécessaire pour vaquer à Dieu.
Il s’agit, en un mot, de faire une cure de désintoxication de toutes les distractions accumulées dans l’année. Celles-ci ont contribué à nous éloigner chacun de notre identité profonde, nous faisant perdre notre unité personnelle et spécialement, celle qui se forge dans notre Baptême, lorsque nous avons été unifiés au Christ mort et ressuscité pour vivre pour Dieu en Jésus, comme le rappelle Paul.
Il n’est point besoin, pour ce faire, de s’enfermer dans un monastère, mais bien de se rétablir paisiblement dans l’état initial de sa vocation d’homme, de femme, de couple, de foyer et de parents ou d’enfants, de consacrés etc…
Ce rétablissement, au sens le plus sportif du mot, sera d’autant plus vrai, profond et complet qu’il se fera à la lumière de l’Esprit que chacun de nous possède, s’il veut bien se donner la peine de visiter amoureusement la Trinité qui demeure en son âme !
Dans cette perspective, je vous souhaite de bonnes vacances !
Nous nous retrouverons à la rentrée !