Le Christ est en moi comme à l’intérieur de ma vie quotidienne !
Qui plus est, malgré toute notre foi, quelle est l’utilité du Christ pour gagner mon pain ? Quelle est l’utilité du Christ pour faire vivre ma famille ? Seigneur je vous aime ! Mais il me faut travailler pour vivre !
C’est sûr que si nous restons à cette comparaison de l’activité chrétienne et de l’activité quotidienne nous nous heurtons, (à moins d’être rentier, de n’avoir rien à faire et d’être tout seul sur une île déserte en bon égoïste…), à une incompatibilité pratique, les journées n’étant que de 24 heures !
Mais le Christ n’est pas comparable : Il n’entre pas dans une catégorie d’activités !
Le Christ vient en moi -par le baptême, par la grâce sacramentelle- pour être à l’intérieur de mon action, pour être en mon âme le moteur de cette activité à laquelle Il va donner la forme, l’accomplissement, l’achèvement de la perfection.
Voilà comment nous devons envisager le rapport du Christ à notre activité, non pas comme étant à côté, sur le même plan, mais comme étant à l’intérieur de la vie quotidienne !
Le Christ m’élève à Son niveau divin…
Lorsque le Christ est dans mon cœur et qu’Il devient donc le Principe intérieur de mon activité (qui surgit de mon cœur, de mon âme), celle-ci prend alors tout le poids de la légèreté divine, toute la couleur de la transparence de Dieu, toute l’énergie de Sa douceur !
Tout en restant ce qu’elle est, elle est transformée : travail professionnel, travail familial, vie au foyer, détente, joie comme souffrance … Dans son intérieur, son énergie -qu’est le Christ- la transforme ! Pourquoi ? Parce que si je fais entrer le Christ en moi, le Christ m’élève à Son niveau divin et à ce moment-là je regarde mon activité, ma tâche professionnelle ou familiale, je la regarde comme Dieu, comme le Christ, avec Lui et en Lui je la regarde d’En Haut, et je la comprends comme Lui la comprend !
Je la comprends par rapport à l’Essentiel ; je la replace dans la hiérarchie des valeurs de ma vie en fonction de la Fin.
Je ne m’immerge pas en elle, je ne suis pas submergé par l’activité puisque je suis en haut ; je fais tout mon possible et c’est tout, puis je demande au Christ de s’occuper du reste.
Il faut avoir une certaine foi pour entrer dans cette démarche, c’est sûr ! Mais cela s’apprend, et surtout, cela se demande…
« Cette nuit même on va te redemander ton âme ! »
Que faut-il faire pour arriver à intégrer ainsi le Christ dans mon activité quotidienne ? Saint Jean-Baptiste nous le dit : « Convertissez-vous ! » Il nous dit aujourd’hui ce qu’il a dit aux scribes et aux pharisiens : « Produisez des fruits de conversion… », montrez que vous voulez changer de route, changer de mentalité, changer de principe de vie !
Oui, arrêtons ! Cessons de vivre avec la primauté de l’action comme si notre vie en dépendait ! D’ailleurs, si nous raisonnons comme cela, posons-nous la question : de quelle vie s’agit-il ? Quand je dis : j’ai mon travail, j’ai ma femme, j’ai mes enfants, j’ai mon devoir, de quelle vie vraiment s’agit-il ? À quoi cela nous sert-il de gagner le monde si c’est pour perdre notre vie !
Il faut absolument retourner notre esprit, changer notre manière de voir et cesser de donner cette primauté à l’action.
Nourrir notre cœur de la volonté du Christ qui est la route de l’homme…
Essayons au contraire, comme nous le demande la Collecte, d’avoir « cette intelligence du cœur », de nourrir d’abord notre cœur avec le Christ, d’accueillir le Christ à l’intérieur de nous-mêmes pour qu’Il illumine notre âme et qu’Il lui fasse poser Ses actes dans les nôtres. L’âme est le principe de mon activité, elle est le siège de mes facultés d’intelligence et d’amour ; accueillir le Christ en elle Lui permet d’illuminer mon âme et de lui faire poser ensuite, des actions en correspondance avec l’Évangile, c’est-à-dire selon les enseignements et les désirs de Jésus.
Voilà ce qu’Isaïe appelle l’esprit de discernement et de sagesse. Quand nous entendons ce texte nous sommes en admiration devant celui qu’Isaïe annonce : le sage, celui qui vit dans la crainte du Seigneur, celui qui sonde les reins et les cœurs, mais qui ne juge pas d’après les apparences : en général, le seul usage que nous en faisons pour nous défendre des jugements que l’on porte sur nous !
C’est un appel à être à l’image du Verbe, à l’image du Christ, à l’image de l’Envoyé de Dieu. Nous aussi nous sommes appelés à avoir cet esprit de sagesse et de discernement, ce jugement droit, ce jugement juste qui ne s’arrête pas à ce qu’on lui dit mais qui saisit l’intérieur du cœur, le sens des choses, pour poser une action avec un cœur vivant parce que dans ce cœur il y a LE Vivant, le Christ, Celui qui est la direction de l’homme, Celui qui est la route de l’homme : « Je suis la voie, la vérité et la vie ! »…
Rester dans la garde du cœur pour connaître et accomplir Ses désirs !
Ce travail de l’intelligence du cœur ne prend que quelques secondes. Il suffit d’un temps très bref, mais que l’on devra répéter au cours de nos journées, par exemple lorsque l’on passe d’une activité à une autre ou lorsque l’on sent que l’on a perdu le contact avec l’oxygène du Ciel. Il faut ce temps très bref pour rejoindre le Christ demeurant au fond de notre cœur, dans notre chambre nuptiale, Le contempler et L’écouter pour qu’Il illumine notre intelligence et notre cœur par Sa Volonté…
Cette mise en Présence de Celui qui est la Voie, la Vérité et la Vie est très rapide, mais est à renouveler sans cesse pour garder en permanence notre cœur uni à Lui. C’est ce que les Pères du Désert nommaient la « garde du cœur », décrivant ainsi que, comme le malade doit « garder la chambre », notre esprit doit se ressourcer constamment aux désirs de l’Epoux qui vit en notre cœur…
Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel !
Nous, nous sommes engoncés dans notre vie terrestre, saucissonnés dans les bandelettes de notre argent, de notre matérialisme, de nos soucis pseudo-familiaux qui sont souvent des soucis de possessivité sentimentale et pas forcément un amour vrai, juste, christique…
Alors évidemment nous avons du mal à descendre en notre cœur, pour y contempler le Christ, L’écouter nous dire ce qu’Il désire que nous fassions, et organiser ensuite notre activité en fonction de Son Esprit qui nous éclaire…
Mais ce chemin est ouvert à tous parce que nous avons tous un cœur et que le Christ frappe au cœur de chacun pour y entrer, partager avec nous et nous guider… Donc c’est vraiment la méthode universelle de sanctification !
Demandons la grâce, en ce dimanche, de comprendre qu’il faut d’abord descendre en notre cœur qui n’est autre qu’une crèche accueillant la présence de Jésus, la présence du Vivant pour ensuite, seulement, poser nos actions de vie quotidienne, professionnelle ou familiale selon ce qu’Il souhaite nous voir faire pour accomplir avec Lui la volonté du Père !