Calendrier d’Avent
MÉDITATION
L’ENFANT-JÉSUS
Bethléem. Dans la nuit obscure, une étoile singulière brille au firmament. Les bergers dans les champs gardent leur troupeau, comme chaque nuit. Mais cette nuit-là n’est pas comme les autres. Malgré l’heure tardive, une lumière illumine encore une étable, proche du village. Alors que personne ne s’en doute, le Messie annoncé par les prophètes durant des siècles est né. Voici que soudain des anges apparaissent, chantant la gloire de Dieu et annonçant aux bergers une grande joie : “il vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur”.
Nous connaissons bien cette histoire qui, pour beaucoup, nous a bercés depuis notre enfance. Et pourtant, une fois de plus le Seigneur vient nous visiter cette année, en ce jour de Noël. A nous aussi il nous est annoncé une fois de plus “Il vous est né un Sauveur” (Lc. 2,11). Mais voilà, la sagesse de Dieu nous dépasse une fois de plus, et il nous est donné non pas un guerrier puissant ou un expert en sauvetage, mais bien “un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire” (Lc. 2,12). Un sauveur vulnérable et dépendant, incapable de nous sauver !
Le Verbe, parole éternelle de Dieu, lui par qui tout fut créé, se fait petit bébé, incapable de parler, radicalement dépendant de Marie et de Joseph. Si nous croyons que toute la vie du Christ est pour nous un enseignement, et telle est notre foi, pourquoi ne pas nous laisser instruire par l’Enfant-Jésus dans la crèche ? Que peut bien nous montrer un nourrisson de quelques heures, dormant paisiblement entre les bras de sa mère ? L’esprit d’enfance. Ces premiers instants du Verbe incarné sur la terre sont comme un programme de toute la mission future de celui qui vient de naître. Une annonce silencieuse.
« Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux.” (Mt. 18,3-4). Quel est donc cet esprit d’enfance selon l’évangile ? Il me semble que nous pouvons en contempler trois aspects en ce jour de Noël : le silence, l’abandon et l’émerveillement.
L’Enfant-Jésus nous apprend le véritable silence. Voilà son tout premier enseignement, silencieux. Il révèle ainsi quelque chose de notre condition d’enfant de Dieu : devant le mystère insondable de Dieu, il nous faut d’abord bien humblement commencer par nous taire. Ce silence élargit notre cœur, nous fait entrer dans un esprit de contemplation, prêt à recevoir tout de Dieu. Silence de Marie et de Joseph devant cet enfant endormi. Silence de Jésus au tabernacle.
L’attitude qui découle du silence de cet enfant, c’est l’abandon. Lui qui est Fils de Dieu, il s’abandonne totalement à la volonté de son Père. Comme un enfant se jetant dans les bras de son père, osant tout lui demander, ne doutant jamais de son amour. Cet abandon confiant est pour Thérèse de Lisieux le secret de la sainteté, qu’elle définit ainsi : “elle consiste en une disposition du cœur qui nous rend humbles et petits entre les bras de Dieu, conscients de notre faiblesse et confiants jusqu’à l’audace en sa bonté de père.”
La troisième attitude nous est révélée par l’entourage de l’Enfant-Jésus. Autour de Joseph et Marie, voici que les bergers et les anges entrent dans l’étable et s’émerveillent. Cette joie et cet émerveillement sont les trésors les plus précieux de l’enfant, du pauvre de cœur. Et ils la répandent autour d’eux.
Ainsi, comme le résume si bien un Chartreux : “L’enfant Jésus n’use pas de paroles ; il nous instruit en acceptant pour lui-même la vérité de notre condition ; nous sommes faibles au temps de notre naissance, mais c’est une illusion de croire qu’avec les années nous acquérons une indépendance véritable. Nos forces sont toujours dérisoires ; elles nous laissent à la merci de très peu de choses. Nous ne sommes jamais vraiment forts : c’est toujours l’abandon à la grâce divine qui a le dernier mot : la conscience que Dieu est tout et que nous ne sommes rien sans lui.”
Puisse l’Enfant-Jésus, en ce jour de Noël, nous donner un authentique esprit d’enfance, selon l’évangile : esprit de silence, esprit d’abandon, esprit de joie et d’émerveillement.