Aujourd’hui, aux vêpres, nous chantons « O Emmanuel, notre Législateur et notre Roi, Espérance et Salut des nations : viens, sauve-nous, Seigneur notre Dieu ! ». Le cycle des antiennes Ô s’achève par l’invocation du Christ sous le vocable d’Emmanuel. Ce titre est à sa place au plus proche de la Nativité, puisqu’il signifie « Dieu-avec-nous ».  

La supplication se fait de plus en plus douce car il est désormais tout proche.  Et précisément, Noël, c’est Dieu-avec-nous ! Demain soir, lors de la Messe de la Nuit nous célèbrerons la naissance du Sauveur tant attendu, aujourd’hui nous faisons mémoire de l’espérance d’Israël annoncée par les prophètes : « C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici, la jeune femme est enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (Is 7, 14) Le divin Roi nouveau-né, dans sa crèche, est l’attente des peuples mais aussi l’accomplissement des prophéties. 

Ô Emmanuel ! Par l’Incarnation, Dieu entre dans le monde, le tout-autre se fait Dieu-avec-nous, Dieu proche de nous pour notre salut. Jésus se laisse toucher dans une proximité inouïe : de la pauvreté de la crèche aux supplices de la Passion, de l’amour de la Vierge sa mère au baiser de la trahison de Juda, de la tête de Jean posée avec confiance sur sa poitrine à la Cène jusqu’aux mains du prêtre qui l’élève à la Messe avant de l’offrir aux fidèles, c’est toute la vie chrétienne qui devient un contact charnel avec le corps du Christ, sacrement visible du Dieu invisible. 

Ô Emmanuel, notre Roi ! Si le Christ est notre Roi, il est un roi proche comme le souligne le Dieu-avec-nous, il n’est pas comme les rois étrangers dont Israël eu tant à souffrir. Au seuil de la crèche, avons-nous l’humilité de reconnaitre que ce nouveau-né est notre roi ? Préparons nos cœurs à nous prosterner devant lui comme les Rois Mages pour lui offrir non seulement de l’or et de l’encens mais toute notre vie. 

Ô Emmanuel, notre Roi, notre Législateur ! Le Christ est venu accomplir la loi, une loi nouvelle qui sauve car c’est une loi d’amour qui a été « répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5,5). Et moi, qui est mon juge ? Le regard des autres ? Moi-même ? Ou bien Dieu qui sonde les reins et les cœurs ?  

Viens nous sauver ! Demain, à la crèche, nous adorerons l’enfant-Jésus, ainsi Emmanuel sera appelé Jésus : Dieu-avec-nous sera Dieu-Sauve car Dieu ne veut pas seulement se rapprocher de nous mais il veut qu’avec sa grâce nous nous rapprochions de Lui.  

Ainsi se terminent les grandes antiennes Ô, et si nous reprenons toutes les initiales, on obtient l’acrostiche : Ero cras.  « Demain je serai » qui rappelle l’imminence de l’événement qui fût l’objet de tout notre Avent : la Naissance de notre Sauveur ! Un événement il y a plus de 2000 ans qui marquera l’éternité « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20)