Calendrier d’Avent
MÉDITATION
Joie et Apocalypse
A la messe hier, peut-être avez-vous vu avec surprise vos prêtres s’avancer en procession vêtus d’ornements roses. Et pour cause : c’était hier le dimanche de la joie, 3ème dimanche de l’Avent où le violet de l’attente s’éclaircit doucement vers la lumière de Noël qui pointe à l’horizon. Alors en ce lundi, qui n’est peut-être pas le jour que l’on associe le plus spontanément à la joie, arrêtons-nous quelques instants pour lever la tête : qu’attendons-nous et pourquoi cela devrait nous réjouir ?
La réponse est simple : « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir ». Bien sûr, l’Avent est le temps de l’attente de Noël, de la naissance de Jésus-Christ. Mais en réalité, si chaque année notre Mère l’Église nous donne de faire mémoire à nouveaux frais de l’attente de la naissance du Messie déjà advenue il y a 2000 ans, c’est pour nous faire approfondir notre condition de chrétien. « Veillez ! » nous avertit Jésus. Jésus est déjà venu sur terre de manière décisive en s’incarnant dans le sein de la Vierge. Mais il est deux autres venues que nous avons à désirer ardemment et à préparer : la venue du Christ dans notre cœur par la prière, la grâce et les sacrements, et la venue du Christ à la fin des temps. Et cette ultime venue, celle qu’on associe à l’Apocalypse, appelée la Parousie ou le Jugement dernier nous est surement plus étrangère, plus extérieure que les deux premières.
En fait, attendons-nous vraiment le retour du Christ en gloire ? Croyons-nous vraiment à l’Apocalypse ? Peut-être plus difficilement qu’à la naissance du Verbe incarné ou qu’à sa venue dans nos cœurs. Et peut-être que pour une part, notre difficulté à vivre dans la joie vient de là. L’introït grégorien du dimanche de la joie, dimanche de Gaudete, lie étroitement joie et attente du Seigneur : « Réjouissez-vous (…) le Seigneur est proche. » De fait, voilà ce que nous pouvons lire dans le livre de l’Apocalypse : « Cieux, soyez donc dans la joie, et vous qui avez aux cieux votre demeure ! Malheur à la terre et à la mer : le diable est descendu vers vous, plein d’une grande fureur ; il sait qu’il lui reste peu de temps. » (Ap 12, 12)
Au milieu des tourments de notre temps, de ces jours qui sont les derniers, où nous sommes depuis que le Christ est ressuscité, nous sommes appelés à avoir aux cieux notre demeure pour pouvoir nous réjouir. Nous le voyons, le mal semble parfois se déchainer autour de nous ; nous semblons esclaves de notre péché, de telle mauvaise habitude, de telle addiction. Et pourtant le Christ nous offre une joie plus forte que tout cela : la joie d’être sauvés. La joie très concrète de telle confession libératrice, de telle prière exaucée, la joie de croire que notre vie a un sens, et que la mort n’aura pas le dernier mot si nous ouvrons les portes au Christ. L’Avent est un temps propice pour nous plonger dans une spiritualité apocalyptique, revigorante pour notre foi, et porteuse d’une joie puissante ! Que cette journée soit l’occasion de raffermir notre foi en la venue du Christ, en l’avènement de son Royaume à la fin des temps, auquel nous appartenons dès aujourd’hui si nous accueillons son avènement dans notre cœur, rendu possible par son avènement à la crèche.