Lectio divina
Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.
« VIENS EN NOUS PERE DES PAUVRES !… »
Ac.2, 1-11 Rm.8, 8-17 Jn.14, 15-26
Juste quelques lignes pour magnifier cette fête si extraordinaire par laquelle nous faisons le mémorial du don de l’Esprit aux Apôtres.
« C’est ma vie que je donne… »
Oui, l’Esprit Saint a été donné ! Nous savons ce que signifie cette parole « donner. » Lorsque l’on donne quelque chose à quelqu’un, lorsque l’on donne quelqu’un, lorsque l’on confie son enfant à un parent, à l’époux, à un éducateur…
Dieu seul pouvait imaginer, inventer et réaliser ce mystère du don de Son Esprit ! De la même manière que Jésus disait aux apôtres : « C’est ma vie que je donne, c’est mon corps que je donne… Voici mon sang livré… », ainsi le Père leur donne l’Esprit-Saint, et à travers eux, à toute l’Eglise, et donc, à chacun de nous dès l’instant où nous entrons dans l’Eglise et vivons de l’Eglise et dans l’Eglise !
« Le Défenseur sera toujours avec vous. »
Jésus disait à Ses apôtres : « Le Défenseur sera toujours avec vous. » Depuis l’instant de mon baptême, lorsque porté sur les fonts baptismaux par mes parents, mes parrain et marraine, je fus fait enfant de Dieu, jusqu’à la dernière minute, jusqu’au dernier sacrement reçu sur le lit de l’agonie, je fais partie de l’Eglise, de manière plus ou moins intime suivant mon état de grâce et suivant mes faiblesses, mais j’appartiens non à une société mondaine, un club de privilégiés, mais à ce Corps à qui a été donné, comme sève de Vie, l’Esprit de Dieu.
« Tous furent remplis de l’Esprit Saint. »
A chacun d’entre nous l’Esprit est donné, et donc en tous les hommes Il peut venir demeurer, comme le précisent les Actes des Apôtres : « Tous furent remplis de l’Esprit Saint. » La Pentecôte, c’est la fête par excellence de l’universalité, de la diffusion, de l’extension, de la catholicité de l’Eglise. Et le Pape François insiste souvent sur cette ouverture de l’Eglise dont nous devons être les témoins actifs : tous sont appelés à entrer dans l’Eglise pour y recevoir l’Esprit de Dieu.
« L’Esprit de Dieu habite en vous… »
Et regardons de quelle manière cette réalité nous est décrite : comme quelque chose qui vient en notre intérieur. Non pas comme un vêtement que l’on revêt, non pas comme une réalité que l’on porte à la main, mais une réalité vivante dont nous sommes le contenant. Par notre baptême, chrétiens et chrétiennes, nous sommes des vases de l’Esprit Saint ! « Ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu et que l’Esprit habite en vous ? » écrivait Paul aux Corinthiens.
« Hôte si doux de nos âmes… »
Et cette réalité qui est intérieure, qui nous envahit, qui se diffuse dans l’âme n’est pas une réalité morte, n’est pas même seulement une force physique ou spirituelle, magnétique, magique, protectrice. C’est une Personne. C’est une Personne divine qui habite en nous, en nos cœurs, qui est, comme nous le chantons dans la Séquence : « l’Hôte si doux de nos âmes… »
Nous savons ce que veut dire habiter : j’habite dans une maison, Dieu habite dans le Tabernacle, c’est-à-dire qu’Il y est présent, dans Sa totalité, dans Sa substantialité, véritablement. Ainsi, la Personne divine de l’Esprit habite en notre cœur. Elle y est, Elle y vit, Elle y est bien !
Et Elle n’y est pas comme le sont les maladies, pour elles-mêmes, pour nous manger, pour se nourrir. Elle y est, tout au contraire, pour Se donner à nous, Elle y est pour nous faire vivre !
« Ceux qui se laissent agir par l’Esprit, ceux-là sont fils de Dieu »
Voilà qu’aujourd’hui, nous pouvons réfléchir sur cette vérité fabuleuse qu’en nos cœurs habite une Personne de Dieu, qui est toute dévouée, toute donnée pour faire battre notre cœur selon le rythme du Cœur de Jésus, pour nous faire vivre comme un fils, comme LE Fils. Saint Paul nous le dit : « Ceux qui se laissent agir par l’Esprit Saint -cette divine pompe à l’intérieur de mon cœur-, ceux-là sont fils de Dieu. »
L’Esprit-Saint, dit Paul, est notre vie. Comment oser dire que l’Esprit-Saint est nôtre ? L’Esprit-Saint est nôtre, oui, comme le Père est à Son Fils parce qu’Il L’a engendré. En disant mon Père, j’exprime que c’est mon Père à moi. De même, l’Esprit-Saint est ma vie parce qu’Il m’engendre à cette vie évangélique. Il est en quelque sorte mon Père et je suis Son fils. D’où le texte chanté en cette Liturgie de Pentecôte : « Viens en nous Père des pauvres… »
« Heureux les pauvres en esprit… »
Mais de quelle pauvreté s’agit-il ? De la pauvreté chrétienne, de la pauvreté des Béatitudes, louée par Jésus : « Heureux les pauvres en esprit… » Heureux ceux qui savent comme nous l’entendons dans la Liturgie que sans Lui en nous, tout est perverti, que sans Lui, nous ne pouvons rien faire.
Viens en nous Père des pauvres viens rafraîchir notre âme, viens illuminer notre cœur ! Viens vivifier notre vie… Viens redresser ce qui est tordu… Viens adoucir ce qui est rugueux… « Viens en nous Père des pauvres ! »
« Il s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté… »
Ne demandons rien d’autre en ce jour de Pentecôte que cette conscience de notre pauvreté, de notre insuffisance, de notre incapacité à voir le bien, à faire le bien et à aimer le faire ! Nous sommes en effet si mesurés dans notre charité, dans notre foi, dans notre espérance !
Ayons conscience de cette pauvreté ! Soyons de véritables pauvres pour que le Père des pauvres vienne en nous et remplace notre pauvreté de créatures égoïstes par Sa Pauvreté divine. Elle est la pauvreté de Celui qui aime infiniment et donne tout ce qu’Il est pour enrichir l’homme ! C’est ainsi qu’à Sa suite et par Son Esprit, nous serons Ses témoins, illuminant le monde par le Vrai et réchauffant l’humanité par le Bon qu’Il nous demande de transmettre en Son Nom !
Mgr Jean-Marie Le Gall
Aumônier catholique
Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.
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