Le Cierge Pascal symbole du Christ Ressuscité
Origines
Le cierge pascal, décrit par la liturgie comme une colonne de cire, « fruit du travail des abeilles », bénit, marqué et allumé pendant la Vigile de Pâques, aurait été institué par le pape Zosime, au commencement du Vème s. Il se pourrait même que l’usage existât un siècle auparavant, le poète latin Prudence ayant composé une hymne « Ad incensum cerei pascalis » (Pour l’encensement du cierge pascal). Le Missel gallican indique même, au VIIIème s., que le præconium (ou « louange », formule de bénédiction du cierge pascal) fut chanté, tel qu’il existe dans sa forme actuelle, par saint Augustin, lorsqu’il était diacre ! La cérémonie de l’allumage solennel du cierge se rattache en tout cas au chant du Lucernaire, caractéristique de la liturgie vespérale antique. D’après Dom Claude de Vert, grand liturgiste du XVIIème s., il n’aurait été à l’origine qu’un grand flambeau allumé pendant la nuit du Samedi Saint au jour de Pâques pour éclairer l’église lors de l’office. Mais le besoin pratique d’éclairage ne suffit pas à expliquer l’utilisation de cierges en liturgie : par exemple, on sait que, au temple de Jérusalem, de grands luminaires brûlaient tout au long de la journée.
Usage
Pour respecter la vérité symbolique, le cierge pascal doit être fait de cire naturelle, être nouveau chaque année, comme la Vie nouvelle du Ressuscité qu’il représente, unique au milieu de l’église, comme le Christ, et d’une grandeur suffisamment remarquable pour être vu de tous. Lors de la Vigile pascale, le prêtre y grave une croix à l’aide d’un stylet, puis un Alpha au-dessus et un Oméga au-dessous, et enfin les quatre chiffres de l’année en cours, aux quatre angles de la croix. Il enfonce ensuite dans le cierge pascal cinq grains d’encens : quatre aux extrémités de la croix et un au centre. Après la bénédiction, le cierge pascal est porté en procession par le diacre à travers l’église plongée dans les ténèbres, jusque dans le choeur, où il est posé sur un candélabre situé près de l’ambon (cf. ci-dessus) ou, en tout cas, du côté de l’Évangile. Il est alors encensé puis le diacre lui adresse la louange pascale, le chant de l’Exultet . La liturgie prévoit que le cierge pascal ne soit plus jamais encensé par la suite.
Beaucoup l’ignorent
Cette forme du rite date de la réforme de la Semaine Sainte ordonnée par Pie XII en 1951. Auparavant, c’était le feu lui-même qui était porté en procession avec les grains d’encens : on fixait trois cierges au bout d’un roseau et on en allumait un à chaque station. Le cierge pascal était déjà en place dans le choeur.
Pendant le chant de l’Exultet, le diacre y enfonçait les grains d’encens. Dans l’Église antique, les dates des fêtes mobiles de l’année étaient également gravées sur le cierge. Après l’homélie de la Vigile, le cierge pascal est utilisé pour bénir les fonts baptismaux. Il est immergé par trois fois dans l’eau, symbolisant à la fois la colonne de feu qui ouvrit la Mer Rouge devant le peuple hébreu mais aussi le Christ remontant des enfers dans sa Résurrection (cf. ci-dessous). Pendant le temps pascal, on l’allume à toutes les célébrations solennelles, que ce soit la Messe, les laudes ou les vêpres, jusqu’au dimanche de la Pentecôte. Dans la forme extraordinaire, le cierge pascal est éteint après la lecture de l’évangile du jour de l’Ascension, pour symboliser la fin des quarante jours où le Christ ressuscité s’est manifesté à ses disciples. Le temps pascal achevé, le cierge pascal est placé avec honneur au baptistère et on l’allume pour la célébration du baptême. C’est à sa flamme que sont allumés les cierges des baptisés. Aux funérailles, on le place aussi près du cercueil. En dehors du temps pascal, on n’allume pas le cierge pascal durant les cérémonies ordinaires et on ne le garde pas dans le choeur.
Signification
Les prières liturgiques nous renseignent sur le sens spirituel du cierge pascal : il représente en tout le Christ. Éteint, il est l’image du Christ au tombeau, inanimé. Allumé et dressé, il symbolise le Christ, ressuscitant dans la gloire. Les grains d’encens enfoncés par le prêtre font allusion aux plaies du Christ, ses plaies glorieuses. Ils figurent aussi les aromates que les saintes femmes ont apportés au tombeau pour embaumer le corps du Christ. La procession pascale, guidée par la lumière du cierge, nous rappelle, comme l’indique l’Exultet, la nuit où les fils d’Israël étaient guidés par une colonne de feu. Ainsi les chrétiens, à leur tour, suivent le Christ en sa Résurrection. Dans la prière de l’Exultet, le symbolisme de la lumière est très développé. Cette dernière est l’image de la paix répandue sur les hommes, car elle dissipe les ténèbres du mal dans notre coeur et dans notre esprit. Enfin, le cierge pascal, colonne de cire, fruit du travail des abeilles, est l’offrande solennelle de la création nouvelle que l’Église présente à Dieu par les mains du diacre. C’est toujours le diacre, en principe, qui porte le cierge, qui chante l’Exultet, non le prêtre ou l’évêque.
Pour les curieux…
S’il faut bénir les cierges pascals de plusieurs églises paroissiales, on n’en portera qu’un seul en procession et un seul se dressera dans le choeur. Les autres pourront être allumés à la lumière du cierge pascal lors de l’allumage des cierges de l’autel, durant les lectures de la Vigile. On ne peut pas recommander, sauf en cas d’extrême pauvreté, de réemployer d’une année sur l’autre le même cierge pascal. Cela trahirait le symbolisme fondamental de la Vie nouvelle du Ressuscité. Mieux vaut alors se contenter d’un cierge neuf de taille plus modeste ! Enfin, il est possible de laisser brûler le cierge sans interruption durant tout le temps pascal, au moins durant toute la journée de chacun des sept dimanches. Ainsi, nous laissons disparaître peu à peu, sans regret, le beau motif peint, signe de la vie du Christ se consumant pour nous jusqu’à s’éteindre.