Lectio divina
Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposés par l’Église pour la Messe du jour.
« QUE VOTRE SÉRÉNITÉ SOIT CONNUE DE TOUS LES HOMMES ! »
Lectio divina pour le 3ème Dimanche de l’Avent Année C
Soph. 3, 14-18 Ph. 4, 4-7 Lc. 3, 10-18.
Avec ce 3ème dimanche de l’Avent, l’Église nous propose de faire un petit arrêt, un temps de réflexion sur les deux semaines passées, pour mieux repartir dans la dernière étape, vers Noël qui s’approche.
Faire le point n’est pas mettre un point !
Le premier dimanche, l’Église a voulu réactiver en nous le désir et l’attente du Royaume de Dieu. Nous avions vu qu’il était pour nous nécessaire, devant ce tableau du retour du Christ, de ne pas rester passifs, nous avions pris la résolution d’essayer de nous ‘dé-captiver’ des biens de la terre qui nous alourdissent et qui appesantissent notre cœur.
Puis, avec le 2ème dimanche, nous a été présenté le personnage de Jean et, avec lui, le contenu du message chrétien : à savoir la prédication du retour vers Dieu. Nous avions vu que ce retour était la conséquence de notre conversion intérieure (de notre retournement sur nous-mêmes), conséquence elle-même de la prise de conscience de nos limites, de notre manque, d’un besoin, à l’image du fils prodigue qui s’en retourne vers la maison du père.
Et nous avions pris comme résolution de rendre plus intelligente notre vision de la vie, de la rendre plus divine, d’essayer de comprendre que la vie quotidienne était véritablement le lieu de notre sanctification.
« Revêtez l’armure de Dieu ! »
Si nous avons réellement travaillé à ces résolutions, nous avons dû constater la difficulté que nous avions à vivre ces deux points précis. Nous avons pu voir que, finalement, malgré notre bonne volonté, nous restons englués dans les biens de la terre et, d’un autre côté, assommés par les soucis quotidiens qui nous empêchent de nous tourner vers Dieu.
Alors, nous devons nous poser une question devant cette difficulté que nous avons à revenir vers Dieu, à L’attendre, à L’aimer, à en faire notre Unique Nécessaire.
Voyant les saints qui peuplent l’Église et l’histoire de notre pays, nous devons nous poser la question : pourquoi est-ce si difficile pour nous ? Pourquoi sommes-nous si encroûtés dans nos habitudes humaines, presque païennes, en tout cas peu chrétiennes ? N’est-ce pas parce que nous avons pris les mauvaises armes, que nous avons voulu œuvrer tout seuls à notre sanctification ?
L’espérance du salut qui est l’élément moteur, le principe de notre vie, et qui est, comme dit Saint Paul, « le casque sur la tête »donc ce qui dirige et oriente notre action, l’espérance du salut va de pair -toujours avec Saint Paul- avec « la cuirasse de la foi et de la charité. »
« C’est Lui le Héros qui apporte le Salut »
D’où le message de Sophonie pour ce 3ème dimanche. Le héros de l’Histoire, c’est le Seigneur ! C’est Lui qui apporte le Salut ; c’est Lui seul qui peut repousser l’Accusateur, le Satan de l’Apocalypse ; c’est Lui seul qui peut faire rebrousser chemin à la tentation, l’arme de notre ennemi, le Mal en nous. « Sans Lui, nous ne pouvons rien faire. »
Sophonie nous précise que ce Sauveur est en chacun de nous. Il est en nous par Amour : dans le cœur de notre être Il réside avec joie ! Il n’y est pas par obligation, Il y est parce que cela Lui fait plaisir : « Il aura en toi sa joie et son allégresse » nous dit encore Sophonie.
Dans cet Amour qu’Il nous porte, Il vient en nous, Il s’unit à nous et Il veut nous unir à Lui, à ce qu’Il est, à Sa Vie ! Il veut nous transformer pour faire en sorte que nous soyons de nouveau, réellement, à Son image. Il veut nous« renouveler par son amour », nous dit le prophète. Il veut faire de nous, comme Lui, des hommes nouveaux…
« Le Seigneur est proche ! »
Alors, me direz-vous, pourquoi, si le Seigneur est en moi, pourquoi si Dieu m’aime et s’Il vient jusque dans mon cœur pour y résider avec joie et pour me transformer, pour me renouveler, pour me rendre vertueux, pour me faire redevenir à Son image et à Sa ressemblance, pourquoi n’y a-t-il aucun résultat dans ma vie ?
Qu’est-ce que Dieu attend de moi ? Il attend le oui de ma liberté souveraine qui commande, même à Dieu ! Car, oui, Dieu est lié par ma liberté, Il s’y est soumis comme Dieu s’est soumis au Fiat de Marie que nous célèbrerons dimanche prochain. Dieu obéit à l’homme. A travers Gabriel, Il se met à genoux devant Marie et, à travers Marie, Il s’agenouille devant chacun de nous ! Comme Jésus le fera explicitement devant Ses apôtres durant la Dernière Cène. D’où l’intensité de cette révélation qu’Il nous offre : « Qui me voit, voit le Père ! »
Voilà pourquoi Saint Paul nous dit, dans son épître aux Philippiens : « Le Seigneur est proche. » D’une proximité inimaginable, car, si elle est invisible, elle est aussi substantielle que Son Amour.
Et avec cette proximité, j’ai la certitude, nous dit l’apôtre, que Dieu veut nous donner « la paix qui dépasse toute imagination » : l’accomplissement de mon intelligence et de mon cœur dans l’union à Jésus.
C’est pourquoi, nous dit-il : « J’ai accepté de tout perdre pour être trouvé en Lui. » Oui, il considère« tout dans sa vie comme déchets, comme rien du tout, à côté du Christ et de la connaissance de Jésus-Christ » ajoutera-t-il.
« En toute circonstance, priez ! »
Mais, pour partager cette proximité avec le Christ telle que Paul nous la décrit, il faut que j’en fasse la demande, il faut que j’exprime le désir. Non pas pour marquer une soumission de la créature envers le Créateur à l’image de la relation qui lie le maître à l’esclave obligé de se mettre à genoux.
Non ! D’ailleurs, nous venons de le souligner, c’est Dieu qui se met à genoux. Mais Dieu se met à genoux pour nous faire participer à notre Salut. Ce n’est pas du salut de Dieu dont il s’agit, c’est bien du nôtre !
Dieu respecte donc en moi la liberté de l’enfant. Il ne s’impose pas. C’est pour cela que Paul nous demande cette prière incessante : « en toutes circonstances. »
Il ne s’agit pas seulement de prier lorsqu’il y a des soucis ; il ne s’agit pas seulement de prier pour remercier. Il s’agit de prier « en action de grâce en toute circonstance. » Il s’agit de la prière véritable, que nous pratiquons bien mal et qui pourtant est la seule à pouvoir être exaucée, nous dira Jean dans son épître, parce qu’elle correspond au désir de Dieu : notre Salut, notre bonheur éternel !
« Viens, Seigneur Jésus ! »
Cette prière, c’est de désirer justement de trouver mon bonheur, non dans les richesses de ce monde, non dans les richesses de ma propre personne, (ce que l’on appelle le pouvoir ou la puissance), mais dans l’union à Son Fils, de trouver ma joie d’être recréé comme le Fils à l’image du Père, d’être comme le Fils « resplendissement de la gloire de Dieu », d’être sacrement de Dieu, d’être l’ostensoir de Dieu dans le monde.
D’où l’évidente actualité du cri des fidèles dans l’Apocalypse : « Viens, Seigneur Jésus ! » La prière de l’Apocalypse, c’est cette prière dont nous parle Paul et qui rejoint effectivement l’attente du Royaume et de son expansion par la mission.
Ce fut la prière du premier et du deuxième dimanche, avant d’être celle du troisième dimanche parce que tout est prière et que toute prière se résume à ce cri du désir intérieur : « Viens Seigneur Jésus ! »
« Celui qui m’aime, mon Père et moi ferons dans son âme notre demeure. »
Mais Jésus est là ! Ce qui veut dire que la prière ce n’est pas seulement d’appeler : « Seigneur, Seigneur… »
Puisque Jésus est déjà là, le désir que j’ai de Lui doit se manifester en partant à Sa recherche, comme l’épouse du Cantique des Cantiques qui demande à tous : « Où est-il mon fiancé ? », « Où est-il mon époux ? »Et qui part, et qui marche, sous le soleil brûlant, qui part à la recherche de son bien-aimé…
Voilà ce qu’est la prière véritable : entrer en notre intérieur pour partir à la recherche du Christ qui y réside et qui m’attend et qui m’attire… Il m’attire et Il me veut pour me donner, dans l’union de l’Esprit-Saint c’est-à-dire dans l’union de la charité, la joie et la paix, comme dit Saint Paul dans son épître aux Galates : « Les fruits de l’Esprit, c’est la charité, c’est la joie… »
La joie de posséder le Bien-Aimé, la joie de voir Jésus en moi, la joie d’être en Jésus, la joie d’être, comme Jésus en moi, près du Père, un avec Lui, réuni à Lui par le même Amour qui réunit le Père et le Fils : l’Esprit. « Celui qui m’aime, mon Père et moi, nous viendrons et nous ferons dans son âme notre demeure… »Et de cette joie, découle la paix, la paix de l’intelligence, la paix du cœur.
Résolution pour cette semaine.
Essayons donc, chacun et chacune, de prier de cette prière véritable. Chacun, chaque jour, dans un temps de silence déterminé, va partir en son château intérieur qu’est l’âme, pour rechercher la présence de Dieu. Sachant que c’est là Son seul désir et Sa seule joie, cette recherche, la prière véritable, sera exaucée…« Car nous savons que Dieu nous écoute quand nous faisons une demande conforme à sa volonté » dit saint Jean.
Prenons également la résolution de jauger, de juger, d’apprécier, de peser la vérité de notre prière à la joie que nous manifesterons qui doit être, comme dit Saint Paul, visible pour tous.
Nous devons, dimanche prochain, arriver à la messe avec un grand sourire, une grande tranquillité, une grande paix intérieure, quelle que soit notre misère, quelle que soit notre petitesse, parce que nous L’aurons un peu plus trouvé, et nous aurons un peu plus senti Son Amour pour nous !
Mgr Jean-Marie Le Gall
Aumônier catholique
Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart.
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