Lectio divina

Une lectio divina est un commentaire biblique sous le mode d’une lecture spirituelle et priante. C’est une méditation sur les textes de l’Écriture Sainte proposées par l’Église pour la Messe du jour.

Lectio divina pour la Vigile Pascale

« CONDUIS-MOI DOUCE LUMIERE… »

Nous voilà au nœud de la vie : nœud du drame christique qui a commencé hier et se dénouera dans la nuit ; nœud de l’Histoire qui, par l’Évènement pascal, va changer de contenu et de sens, le temps devenant porteur d’éternité ; nœud de notre histoire sacrée personnelle puisque nous faisons mémoire de notre plongée dans le Christ vivant, à travers les promesses renouvelées de notre baptême.

« Dieu sera pour toi une lumière »

Si le Jeudi saint est le temps de l’Amour livré aux mains des hommes, si le Vendredi Saint est un appel à l’Espérance illimitée, la Nuit pascale est le temps de la Foi ! Les mystiques savent associer la vraie Lumière, celle de la Résurrection en particulier, au temps de la nuit.

En effet, lorsque Dieu nous éclaire, Il nous éblouit ! Sa surluminosité nous aveugle en même temps qu’en nous, elle nous guide… Passage nécessaire de l’extérieur rendu inutile à l’intériorité essentielle à la vie. Ainsi Jésus éduquera-t-Il Madeleine à se tourner vers l’intérieur de son âme pour Le reconnaître, comme le chantait la prophétie d’Isaïe : « Tu n’auras plus le soleil comme lumière du jour mais Dieu sera pour toi une lumière éternelle » (Is 60, 19).

En effet la Lumière de Dieu ne peut guider l’homme libre que de l’intérieur. La Lumière du Père nous meut en nous attirant à Lui. La Lumière du Fils nous guide en nous dévoilant en Lui grâce à Sa Présence en notre âme. La Lumière de l’Esprit nous fait vivre avec Lui.

L’homme racheté est créé sacrement de la Lumière

La Nuit pascale au cours de laquelle le Christ ressuscite dans notre cœur, selon l’heureuse formule d’Augustin, nous constitue comme sacrements sur la terre de la Vie trinitaire ! Oui, cette Nuit, l’homme racheté est créé sacrement de la Lumière divine !

La sacramentalité de la Nuit pascale rejoint celle de l’Eucharistie et les deux sont proposées à notre foi qui, en les accueillant toutes deux, les transforme en lieu et source de vie… D’un côté les voiles des apparences du pain, de l’autre le voile de la nuit, le voile du tombeau, le voile du saint Suaire… D’un côté l’absence d’un Christ localement impalpable sous les espèces, de l’autre l’absence du corps sous le Linceul… Mais d’un côté comme de l’autre surtout, derrière ces obscurités que la Foi est invitée à transpercer, la Présence glorieuse du Christ vivant.

Mysterium fidei

Dans le jardin du sépulcre, Il renaît à la gloire du Ciel ; dans l’Eucharistie Il est source en nous de la Vie éternelle : « Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement » (Jn 6, 51). À condition que, par ma Foi, j’accepte de rendre vivant en moi l’icône du Suaire en présentant à mes frères le Visage vivant du Ressuscité.

Voilà le mystère de la Foi vive qui rend la résurrection réelle, qui rend l’Eucharistie vivante ! Mysterium fidei… Lorsque saint Jean-Paul II proposait que l’Église reparte à la recherche du Visage du Christ pour Le contempler, c’est bien à cette démarche qu’il nous invitait. Car il ne s’agit pas de revenir en arrière en remontant le temps, mais bien de descendre en ces eaux profondes de notre cœur et du cœur de nos frères, pour y discerner le Visage de Jésus qui s’est plu à faire de l’homme le sacrement de la Vie divine.

Mgr Jean-Marie Le Gall 

Aumônier catholique Hôpital d’Instruction des Armées de Percy, Clamart

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